Lettre : "Je ne fais plus partie de tes options"
Tu comptes énormément pour moi, plus que je ne l’ai parfois admis à moi-même. Tu as occupé une place immense dans mon cœur, dans mes pensées, dans mes silences. Pourtant, il est temps.
Le moment est venu de faire quelque chose de fondamental pour moi : me retirer de ta vie. Ou, plus précisément, me retirer de cette étrange liste mentale où tu sembles ranger les gens selon tes besoins, tes envies, ou ton confort.
Je ne fais plus partie de tes options.
Tu n’as jamais su – ou voulu – mettre des mots sur ce que je représentais pour toi. Je t’ai souvent tendu la main, proposé un espace pour la sincérité, pour la vérité, même maladroite. Mais le silence a trop souvent répondu à mes élans. Le flou a remplacé la clarté, et l’indécision, la responsabilité.
À ce jour, peu importe nos pensées, nos souvenirs, nos regrets : ce sont les actes qui comptent. Et tes actes m’ont montré une chose : je n’étais pas une priorité. Pas un choix clair. Juste une possibilité, une option. Et c’est insupportable.
Quand je cherche dans ma mémoire un moment, un geste, un mot qui aurait prouvé que j’avais une vraie place dans ta vie, je ne trouve que des absences. Et je me dis que peut-être, tes indécisions étaient déjà des décisions. Des décisions déguisées, voilées, mais bel et bien présentes.
Je me suis tellement posé de questions à propos de cette relation. Sur moi. Sur toi. Sur nous. J’ai tourné en boucle dans des pensées qui ne menaient nulle part. Je me suis épuisée à attendre un signe, une réponse, une reconnaissance. Et c’est cette absence de réponse qui, aujourd’hui, me libère.
Je n’aurai plus besoin de me demander "Suis-je assez ? Est-ce qu’il m’aime ? Pourquoi ce silence ?"
Tu vois, quelles que soient les difficultés, quelles que soient les larmes que je peux encore verser en pensant à toi, à ce que nous aurions pu être, je ne peux plus accepter d’être une option. Je ne peux pas vivre dans l’attente d’un "peut-être", d’un "un jour", d’un "je sais pas encore".
Je ne suis pas un objet que l’on range et que l’on ressort selon les saisons du cœur.
Je ne m’attends pas à ce que tu changes, ni que tu regrettes. Je crois que tu m’as déjà montré, à ta manière, que ta vie avec moi n’était pas ton désir. Tu ne me l’as jamais dit franchement. Tu as préféré laisser la porte entrouverte, entretenir une zone grise, sans te mouiller. Mais le non-choix est aussi un choix.
Et même si aujourd’hui, je sais que je ne fais plus partie de tes options, même si je comprends que je dois me détacher, ce n’est pas simple. Il y a en moi un vide, un vertige. Une peine qui serre la gorge, qui s’installe dans les silences du quotidien. Mais je dois m’éloigner. Pour ma survie. Pour mon équilibre. Pour retrouver ma propre lumière.
Je réalise avec effroi que je me suis perdue dans cette histoire. Que j’ai accepté des choses que je n’aurais jamais tolérées avant. Que je me suis sentie sous emprise, comme si ton regard définissait ma valeur, comme si ton absence me condamnait à l’invisibilité. Je ne sais pas comment cela s’est installé, mais je sais que cela doit s’arrêter.
Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Ce que je sais, c’est que tu ne veux pas – ou ne peux pas – être là. Pas vraiment. Pas pleinement. Et je mérite une présence entière, pas un fantôme affectif.
Je t’ai dit ce que j’avais à dire. Je me suis exprimée. J’ai mis des mots sur mes besoins, mes blessures, mes espoirs. Je suis allée au bout de ce que je pouvais donner. Aujourd’hui, je récupère mon énergie, mon temps, ma dignité.
Je comprends enfin qu’il n’y aura pas de fin officielle. Pas d’adieu en bonne et due forme. Parfois, les choses se terminent en silence. En désintérêt. En indifférence. Et c’est peut-être ça, le plus douloureux.
Mais c’est aussi ça, ma renaissance.
Tu n’es pas indispensable à mon bonheur. Je peux aimer encore. Je peux rire encore. Je peux vivre une histoire belle, simple, honnête. Pas parfaite. Mais vraie. Et ça, je ne l’ai jamais eu avec toi.
Je ne veux plus te blâmer, ni minimiser ce que nous avons partagé. Mais je ne veux plus t’idéaliser, ni espérer ce que tu n’as jamais su – ou voulu – m’offrir. Ce serait encore te donner un pouvoir sur ma vie. Et ce temps est révolu.
Je veux une vie où l’on ne me laisse pas dans le doute. Où je n’ai pas besoin d’interpréter des silences. Où l’on me serre dans les bras pour vrai. Où la parole est simple. Où l’affection se vit, se dit, se prouve.
Et aujourd’hui, je suis avec un homme qui me montre tout cela. Qui ne me laisse pas deviner. Qui ne se dérobe pas. Qui ne me fait pas sentir que je suis "trop" ou "pas assez". Je suis avec quelqu’un pour qui je suis un choix, pas une possibilité.
Et toi... toi, je ne sais même pas ce que nous étions. Tu n’as jamais pu – ou voulu – le dire. Tu as fui mes questions. Tu as gardé une porte entrouverte, comme pour ne jamais vraiment t’engager, ni vraiment partir.
Mais cette fois, c’est moi qui choisis.
Je choisis de me respecter. De me retirer. D’arrêter d’attendre. D’arrêter de demander. D’arrêter de me sentir fautive d’aimer trop fort, ou de poser des questions légitimes.
Je suis fatiguée. Mon cœur est abîmé. Et ce qui me fait le plus mal, c’est cette idée que tu as pu penser que je t’imposais quoi que ce soit. Que je te forçais à aimer. Non. J’ai simplement voulu être aimée en retour.
Je pars avec le cœur apaisé. Avec la conscience claire. Je t’ai donné ce que je pouvais. Et maintenant, je me donne à moi-même ce que j’attendais de toi.
Je te laisse à tes doutes, à tes silences, à tes choix.
Et moi, je m’en vais vivre. Vivre vraiment.
Parce que l’amour, le vrai, ne laisse pas l’autre en suspens. Il le choisit. Chaque jour.