ÊTRE INFLUENÇABLE À L’ÂGE ADULTE :
UN FONCTIONNEMENT À COMPRENDRE
On associe souvent l’influence à l’adolescence, cette période de construction identitaire où le regard des autres peut avoir un impact démesuré. Pourtant, l’influence ne s’arrête pas à l’entrée dans l’âge adulte. Elle prend parfois des formes plus subtiles, plus socialement acceptées, mais peut s’avérer tout aussi puissante. Être influençable, ce n’est pas simplement "se laisser faire" ou "manquer de personnalité" — c’est bien souvent le fruit d’une histoire personnelle, d’un conditionnement ou d’un besoin inconscient encore actif.
Qu’est-ce qu’être influençable ?
Être influençable, c’est avoir tendance à adopter les opinions, comportements ou décisions des autres, même quand cela ne correspond pas à ses convictions profondes. Cela peut concerner différents domaines : vie privée, professionnelle, opinions politiques, consommation, relations, etc.
Cela ne signifie pas que l’on est manipulé en permanence, mais que l’on manque parfois d’ancrage intérieur pour faire des choix indépendants, notamment en situation de pression, de doute ou de stress.
Pourquoi certains adultes restent influençables ?
1. Un manque d’estime de soi
L’influence trouve souvent racine dans une estime de soi fragile. Un adulte qui doute de sa valeur ou de ses capacités peut avoir tendance à chercher une validation extérieure, à suivre l’avis des autres pour se rassurer ou se sentir "dans le bon chemin".
2. Une peur du conflit ou du rejet
Beaucoup d’adultes influençables ont peur de ne pas être aimés, d’être rejetés ou jugés s’ils expriment un désaccord. Ils préfèrent donc se taire, se conformer ou "aller dans le sens du groupe" plutôt que d’affirmer leur propre voix.
3. Des schémas familiaux ou éducatifs
Une éducation autoritaire ou culpabilisante peut conditionner un individu à obéir, à se soumettre ou à toujours se référer à une autorité extérieure pour prendre ses décisions. Ce mécanisme peut persister à l’âge adulte sans même que la personne en ait conscience.
4. Un besoin d’appartenance
Le besoin de faire partie d’un groupe, d’une communauté ou d’un couple peut parfois pousser à se conformer, à penser ou agir comme "les autres", même si cela va à l’encontre de soi.
5. Une fatigue psychique ou émotionnelle
Dans les moments de fragilité (épuisement, stress chronique, choc émotionnel), on est plus vulnérable aux influences extérieures. L’énergie psychique nécessaire à l’analyse et à la prise de décision diminue, et on adopte plus facilement les idées des autres par facilité.
Comment cela se manifeste ?
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Suivre les conseils de quelqu’un sans réfléchir à ce qui est bon pour soi
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Se laisser convaincre facilement, sans vérifier les faits
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Se plier à des choix de couple ou professionnels en s’effaçant
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Acheter ou consommer sous l’impulsion sociale ou marketing
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Changer d’avis selon la personne en face ou le contexte
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Craindre de "ne pas être à la hauteur" si on pense différemment
Les risques d’une influence constante
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Perte de repères : à force de suivre les autres, on ne sait plus vraiment ce que l’on pense soi-même.
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Souffrance psychique : vivre dans la peur de déplaire, de mal faire, de ne pas être assez.
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Manipulations : certaines personnes ou groupes peuvent exploiter cette faiblesse pour contrôler ou dominer.
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Conflit intérieur : plus on s’éloigne de sa vérité, plus on se sent divisé, frustré ou vide.
Comment s’en libérer ?
1. Renouer avec son intuition
Apprendre à écouter son ressenti profond. Face à une décision, se demander : "Est-ce que cela me semble juste pour moi ?"
2. Renforcer l’estime de soi
Travailler sur ses blessures d’enfance, reconnaître sa valeur, célébrer ses forces, s’affirmer progressivement.
3. Apprendre à dire non
Dire non n’est pas un rejet de l’autre, mais un respect de soi. Cela s’apprend avec des exercices d’assertivité.
4. Développer l’esprit critique
Lire, se documenter, comparer les sources. Ne pas prendre pour acquis ce qu’on entend ou ce qu’on lit.
5. S’entourer de personnes saines
Des personnes qui soutiennent votre authenticité, qui ne cherchent pas à vous contrôler ou à décider pour vous.
6. Travailler avec un coach ou un thérapeute
Un accompagnement peut aider à déconstruire les automatismes, comprendre les schémas familiaux, et reprendre le pouvoir sur ses décisions.
Vers une autonomie émotionnelle
Être influençable n’est pas une faiblesse honteuse. C’est souvent la conséquence d’un conditionnement ancien, d’un manque d’outils émotionnels ou d’une période de vulnérabilité. Mais il est possible de s’en libérer, à tout âge, en réapprenant à faire confiance à son jugement, à ses ressentis, à ses valeurs.
Devenir adulte, c’est aussi cela : retrouver son centre, et apprendre à décider depuis un lieu de clarté intérieure, et non sous l’effet de la peur, du doute ou de la pression extérieure.