La soumission : comprendre, identifier, se libérer

 

La soumission est un mécanisme psychologique et comportemental complexe, souvent silencieux, qui peut s’installer dans de nombreuses sphères de la vie : familiale, amoureuse, professionnelle, sociale. Elle se manifeste lorsque une personne renonce à ses propres besoins, opinions ou limites, pour se conformer à la volonté d’un autre – parfois pour éviter un conflit, parfois par peur, parfois parce qu’elle n’a jamais appris à faire autrement.

Mais la soumission n’est pas toujours visible. Elle peut être intériorisée à un point tel que la personne soumise ne s’en rend même plus compte.

 

Les origines de la soumission

1. L’éducation et l’enfance

La soumission prend souvent racine dès l’enfance. Un enfant élevé dans un environnement autoritaire, où le respect de l’autorité prime sur l’expression de soi, apprendra très tôt que dire "non" est dangereux, que pleurer est une faiblesse, que penser différemment est interdit.

Exemple concret : Un enfant à qui on dit sans cesse "Tu n’as pas le droit de répondre" ou "Fais ce qu’on te dit sans discuter" développe un réflexe d’obéissance automatique. Une fois adulte, il aura du mal à poser des limites ou à exprimer un désaccord.

 

2. La peur du rejet ou de l’abandon

Beaucoup de personnes se soumettent par peur de perdre l’amour ou l’approbation de l’autre. Cela peut venir d’un attachement insécurisé : "Si je dis ce que je pense, il/elle ne m’aimera plus."

Exemple concret : Une femme reste dans une relation toxique, acceptant les humiliations, parce qu’elle pense que personne d’autre ne voudra d’elle. Elle confond amour et dépendance.

 

3. Le conditionnement social

La société valorise souvent certaines formes de soumission, notamment chez les femmes, les enfants ou dans le monde du travail. Être "sage", "docile", "respectueux" est valorisé, alors que dire non est perçu comme une rébellion.

Exemple concret : Un salarié travaille 60 heures par semaine, accepte les injustices sans protester, de peur de perdre son emploi ou d’être mal vu. Il finit par s’épuiser psychiquement et physiquement.

 

Les degrés de soumission

La soumission existe sur un continuum, avec plusieurs niveaux :

1. La soumission fonctionnelle

Elle peut être temporaire ou contextuelle : on se plie à une règle ou à une hiérarchie (par exemple, dans un cadre scolaire ou professionnel) sans qu’elle n’annihile notre identité.

Exemple : Un étudiant suit les règles d’un examen, ou un employé accepte une consigne professionnelle sans renier ses valeurs.

 Niveau de danger : faible, tant qu’il y a liberté d’expression et de choix.

 

2. La soumission par peur

On obéit ou on cède pour éviter une punition, une colère, un conflit. Cela s’accompagne souvent de stress, d’anxiété, de culpabilité.

Exemple : Un adolescent ne dit pas qu’il est harcelé à l’école, car ses parents minimisent toujours ses problèmes. Il se soumet à leur discours : "Ce n’est pas grave, ignore-les."

🔸 Niveau de danger : moyen à fort. Risque de refoulement émotionnel, d’auto-négation.

 

3. La soumission intériorisée (ou chronique)

C’est la forme la plus invisible et la plus destructrice : la personne ne s’autorise plus à penser ou à exister par elle-même. Elle devient ce que l’autre attend d’elle. Elle croit que c’est "normal" de souffrir, d’obéir, de se taire.

Exemple : Une personne qui, depuis toujours, vit sous emprise (parent, conjoint, supérieur) ne se rend même plus compte qu’elle est soumise. Elle dit : "C’est moi le problème."
Ou encore : "Il/elle a raison, je suis trop sensible."

🔴 Niveau de danger : élevé. Risque de dépression, burn-out, perte d’estime de soi, dissociation, voire suicide.

 

 Les conséquences psychologiques de la soumission

  1. Perte de soi-même
    Quand on vit en fonction des autres, on oublie qui on est. On ne connaît plus ses envies, ses besoins, ses limites.

  2. Épuisement émotionnel
    Faire sans cesse des efforts pour plaire, éviter les conflits ou ne pas décevoir, épuise l’esprit.

  3. Ressentiment ou culpabilité chronique
    La personne soumise peut développer un mélange de frustration et de culpabilité : frustrée de ne pas être elle-même, coupable de penser à se libérer.

  4. Dépendance affective ou professionnelle
    Le manque d’autonomie affective ou décisionnelle alimente la peur de perdre l’autre ou le cadre de sécurité, même s’il est toxique.

 

 Comment sortir de la soumission ?

  1. Nommer le problème :
    C’est la première étape. Reconnaître que l’on est dans une position de soumission, c’est déjà en sortir un peu.

  2. Faire appel à un professionnel :
    Un psychologue, un thérapeute ou un coach peut vous aider à identifier les schémas et les liens qui vous enferment.

  3. Apprendre à poser des limites :
    Dire non, c’est dire oui à soi-même. Cela s’apprend petit à petit, par des exercices, de la pratique, du soutien.

  4. Renforcer l’estime de soi :
    La soumission s’installe souvent là où l’estime de soi est fragile. Travailler sur la confiance en soi est fondamental.

  5. Changer de cadre si nécessaire :
    Parfois, il faut avoir le courage de quitter un environnement ou une relation toxique, même si cela fait peur.

 

 Exemples de libération

  • Cathy, 22 ans, a toujours obéi à ses parents qui contrôlaient ses études, ses amis, ses horaires. En thérapie, elle a découvert qu’elle avait le droit d’avoir ses propres choix. Elle a déménagé, repris ses études, choisi ses fréquentations. Elle a redécouvert sa liberté intérieure.

  • Artur, 30 ans, subissait un patron tyrannique depuis 5 ans. Il a fini en arrêt maladie. Une fois accompagné, il a osé dire non, poser ses limites et changer d’entreprise. Aujourd’hui, il est épanoui dans un cadre plus respectueux.